Page 2 - Zacharie Arnal

Publié le par Marie

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I - VIE DE LA FAMILLE

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La maison

Avant d'en donner la description, il est naturel que j'esquisse en quelques traits l'aspect de la maison paternelle. Vous savez déjà ce qu'elle est encore, puisque tous, ou presque tous vous l'avez vue avec votre cher papa ou avec moi. Pour les générations futures en voici la description •

Le Château de Bréau, situé à peu prés au centre de la longue et unique rue que forme Le village sur la croupe d'une colline, est une assez vaste bâtisse sans caractère architectural présentant une façade imposante par sa longueur de cinquante mètres environ, du Sud-Est au Nord-Ouest. Il est borde par un terrain de même longueur qui était autrefois la vraie place du village, appelée la Promenade, et en languedocien la Passejado, sur laquelle enfance et jeunesse prenaient leurs ébats. Ce long bâtiment était flanqué de deux ailes, et dominé à son extrémité Nord-Ouest par une haute tour portant l'horloge du village.

J'ignore quels avaient été les anciens châtelains, mais vers le commencement du 19ieme siècle, époque napoléonienne, il avait été habité par la famille de Manoël dont le chef était assez prodigue au point de chercher un amusement dans cette fantaisie (nous a-t-on raconté) de jeter sur la promenade des pièces de 0,50c ou 1 f. que les enfants se disputaient à tiro-péoussés. Cette vie d'oisif prodigue devait s'achever dans la ruine financière qui entraina la mise en vente du château. Evidemment, dans ce coin reculé des Cévennes privé de communications par bonnes routes, la vaste bâtisse ne pouvait facilement trouver des acquéreurs en bloc. II fallut procéder a une vente en quatre lots, dont deux formaient le façade à gauche et à droite du grand Portail , et les deux autres étaient les ailes. C'est une de ces ailes qui fut achetée par mon cher père dès les premières années de son ministère à Bréau. Il devient ainsi châtelain à bon compte, peut-être deux ou trois mille francs, puisque 75 ans plus tard, votre cher père ne pouvait vendre cette propriété à 4.000 f.

Quel agréable foyer de famille présentait cette aile de château! Vaste rez-de-chaussée, à hauteur d'étage, sous lequel se trouvaient cave, écuries, etc ... et au-dessus duquel se trouvaient de vastes magnaneries pour l'élevage des vers a soie.

L'appartement lui-même comprenait au centre, vaste cuisine avec cheminée à large manteau, à gauche grande et belle salle à manger, avec superbe cheminée en marbre rouge, et deux placards profonds capables de contenir de larges provisions. Du côté droit, la cuisine ouvrait sur deux chambres, dont l'une vaste servait de dortoir pour les enfants, et l'autre la chambre de nos parents: une porte-fenêtre vitrée, au fond, donnait accès sur une large terrasse en plein soleil, d'ou la vue s'étendait sur les basses Cévennes à l'Est, et en face sur de belles châtaigneraies. La chambre de nos parents avait accès au salon à deux fenêtres et belle cheminée de marbre blanc ; et du salon on passait dans la jolie pièce extrême qui était le cabinet de travail de notre cher père. Mais salle à manger, cuisine, salon et cabinet, étaient rendus indépendants par de larges portes fenêtres à deux battants ouvrant sur une terrasse en forme d'équerre. L'extrémité de cette terrasse donnait accès au jardin formé de deux larges bandes de terrain en contrebas.

 

Publié dans Oncle Zach

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