Page 11 - Zacharie Arnal
et le non moins beau visage de notre arrière-arrière-arrière grand-père Emile Germain pasteur à Bréau.
II - VIE PASTORALE DE MES PARENTS
DERNIERES ANNEES DE MON PERE
Je n'ai pas eu, comme votre cher papa, le privilège de pouvoir vivre dans l'intimité de notre bien-aimé père, et de pénétrer dans l'âme de ce fidèle serviteur de Dieu. Je n'étais qu'un petit garçon pendant les dernières années de sa vie. Je n'ai donc pu le connaître que par les détails reçus postérieurement de la bouche de votre cher papa et de notre mère.
Mais pour les cinq dernières années de sa belle vie, je conserve très vivants les souvenirs de sa vie de famille et de son activité pastorale. C'est ce qui me permettra de le faire revivre devant votre esprit, et vous donnera une haute idée de votre vénéré grand-père.
Premiers souvenirs de mon père
Emile Arnal était né à Aulas, Gard, le 14 Février 1804 de
l'une des branches Arnal fixées dans ce riant village des Cévennes près du Vigan. Il existe un vieux registre de cette famille Arnal remontant jusqu'au 17jème siècle, et dont Emile, votre frère, est dépositaire comme l'ainé des fils. Je ne retrace pas ici cette généalogie que pourront consulter ceux d'entre vous qui en auront le désir.
Je ne sais rien de l'enfance, de la jeunesse de mon cher père. Il fut sans doute élevé dans l'esprit de fidélité huguenote, si vivant dans cette partie des Cévennes, près du théâtre des guerres de nos Camisards. L'Eglise Réformée de France avait bien conquis enfin la liberté de son culte, et l'égalité de ses adhérents avec tous les autres Français. Mais le souffle de l'incrédulité ou du scepticisme qui se fit sentir dans le grand mouvement révolutionnaire de 1789, avait aussi passé sur nos églises protestantes, où la vie religieuse ne s'élevait guère plus haut que la vague croyance en Dieu, le Dieu des bonnes gens, et à la simple morale de la vulgaire honnêteté. Il faut croire que dans la famille Arnal, la vie religieuse était un peu plus profonde par la lecture de la Bible
au culte de famille, puisque c'est dans ce milieu que notre père avait entendu l'appel d'en Haut, et embrassé la carrière pastorale.
Les études
Je ne sais où il avait pu faire ses études classiques, probablement au collège du Vigan s'il existait déjà. Une fois pourvu de son diplôme de bachelier, il était parti pour Montauban où il suivait les cours de la Faculté de théologie restaurée dans cette ville, siège d'une des anciennes Académies protestantes autorisées par l'Edit de Nantes. Les étudiants étaient alors reçus dans certaines familles, comme pensionnaires, et pour lui, c'est dans la famille Nines qu'il fut appelé à vivre pendant ses études.
C'est là qu'il pu connaître et apprécier l'aimable jeune fille de la maison, Marie, qui gagna son cœur et dont il fit la compagne de sa vie. Le mariage fut conclu avant la fin de ses études qu'il alla terminer à la Faculté de Strasbourg où il passa la dernière année scolaire.
Une fois pourvu de son grade de bachelier en théologie, il revint au pays natal avec sa jeune famille qui s'était enrichie d'un premier enfant, sa fille Marie, née je crois pendant son année d'étude à Strasbourg.